Le salon de l’automobile de Francfort (IAA) ouvre ses portes dans un contexte de quadruple crise.

Une petite crise pour le salon qui est boudé par des constructeurs aussi significatifs que Volvo, Peugeot, DS, Nissan, Infiniti, Tesla, Rolls-Royce, Cadillac, Chevrolet, Aston-Martin, Alfa-Roméo, FIAT ou Jeep et qui voit émerger «Grand Basel», une exposition élitiste de voitures d’exception qui écarte délibérément les modèles premium des grands constructeurs au profit de voitures rares et remarquables.

Une crise majeure pour les industriels depuis que certains ont été convaincus de fraude et que l’opinion publique est irritée par les manœuvres pour échapper au versement de justes indemnisations aux clients comme aux actionnaires. En Allemagne, le modèle du complexe politico-industriel est de plus en plus contesté. Rappelons que l’Etat de Basse-Saxe détient 20% des actions de Volkswagen et que Matthias Wissmann, l’ancien ministre fédéral des transports, préside depuis 10 ans l’association des constructeurs VDA.

Une crise profonde pour les 80 villes du pays incapables de respecter les normes de qualité de l’air et qui pourraient se voir contraindre par des décisions judiciaires à prendre des mesures radicales de restriction de la circulation, en particulier pour les modèles ayant usurpé leur classification Euro 5 au moyen de tests falsifiés.

Une crise de l’innovation enfin, les constructeurs allemands ayant massivement misé sur le perfectionnement des technologies connues sans investir vraiment dans le développement de modèles électriques et/ou autonomes au point que DHL doit construire ses propres utilitaires électriques. Sur ce point, voir un précédent billet ici : https://www.nexidee.eu///www.nexidee.eu/index.php/fr/blog-nexidee-eu/automobile-un-secteur

Dans ce contexte assez gris, le salon de Francfort ouvre une fenêtre sur l’avenir en consacrant un hall aux nouvelles mobilités. L’espace «New mobilty world» est consacré aux rôles des flux d’information dans la gestion des déplacements, à l’enjeu crucial de la connectivité et aux différents projets de mobilité urbaine. Avec les plates-formes de mobilité, capables de gérer l’intégralité d’un déplacement quels que soient les moyens de transport mis en œuvre, ce sont vraisemblablement les acteurs de la mobilité de demain qui imposent ainsi leur présence dans un secteur en mutation.

Le sujet de l’automobile est économique mais aussi sociologique. En Allemagne, la fracture ville / campagne est de plus en plus profonde. Permis de conduire et propriété d’une voiture ne sont plus les rituels du passage à l’âge adulte pour les jeunes urbains attachés à leur «urban bike» de prix et qui considèrent l’automobile comme un concentré de tous les torts : consommation d’espace, congestion des villes, accidents, pollution et bruit, etc.
[13 septembre 2017]