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Nexidée GmbH

UN CERTAIN REGARD SUR L'ACHAT ET L'INNOVATION DANS LES PAYS DE LANGUE ALLEMANDE Cette section est principalement réalisée en français. Si vous souhaitez publier un message pour les acheteurs français sur ce blog, vous pouvez les envoyer par information@nexidee.eu Diese Rubrik wird hauptsächlich in französischer Sprache geführt. Wenn Sie eine Meldung für französische Einkäufer über diesen Blog veröffentlichen möchten, können Sie uns diese gerne über information@nexidee.eu senden.

Relocalisation des mines et accès aux matières premières

La crise politico-économique déclenchée par les effets sur la santé humaine du SARS-CoV-2 a rendu public le débat sur les approvisionnements stratégiques et les risques associés aux importations extra-européennes. Comme souvent, l’émotion du moment occulte tout et la discussion a porté sur les masques faciaux, pour lesquels la création d’un outil de production fut rapide, comme ont su le démontrer les très nombreux nouveaux entrants.

Le sujet est pourtant fondamental. Outre le pétrole et le gaz, la question clé est l’accès aux matières premières et l’indépendance européenne pour chaque maillon des industries extractives : droit minier, prospection, exploitation des mines et carrières, machinisme, traitement des minerais, affinage, etc. L’exploitation de son propre sous-sol et les coopérations avec des pays amis exigent la maîtrise de nombreux savoir-faire, difficiles à conserver et à développer dans un contexte de fermeture des mines historiques (charbon, fer, argent, or, potasse, etc.).

Outre les importations, l’accès aux matières premières est organisé selon trois modes principaux : le recyclage (dont les mines urbaines), la substitution et enfin l’exploitation de gisements européens. Les deux premiers axes sont les plus consensuels mais ne suffisent pas dans le contexte de besoins croissants pour les filières en développement que sont, par exemple, les industries numériques, les énergies renouvelables, le stockage d’électricité, la robotique, l’armement et les calculateurs quantiques. Des analyses exhaustives ont été diffusées dans le cadre de la « Raw materials initiative » de l’Union européenne.

Un bilan socio-environnemental honnête impose également de relocaliser d’urgence les activités de récupération des métaux mais aussi certaines industries extractives. En effet, c’est bien la soumission aux droits de l’environnement et du travail les plus exigeants qui sera une contribution significative à l’effort de responsabilité socio-environnementale de toutes les filières mais aussi à la protection des droits des peuples indigènes.

En Allemagne, depuis quelques années, les inaugurations de mines concernent principalement la région des Monts métallifères (Erzgebirge) qui forme la frontière entre le Land de Saxe et la République Tchèque. C’est à Pöhla, à une centaine de kilomètres au Sud-ouest de Freiberg, siège d’une Université des sciences appliquées reconnue pour la qualité des formations aux métiers de la mine, qu’est entrée en exploitation une mine de wolfram et d’indium. Dans la même région, près d'Altenberg, ont été trouvés d’importants gisements de roches permettant l’extraction du lithium.

L’ouverture de mines en Europe ne correspond pas uniquement à un effort d’autonomie stratégique. Il s’agit également de préparer les prochaines étapes de la conquête spatiale en développant les robots autonomes capables d’explorer le sous-sol des astéroïdes. Pour cela, il faut améliorer la connaissance en matière de fabrication additive afin de maitriser la construction et la maintenance à distance des robots-mineurs grâce aux ressources extra-atmosphériques. L’industrie extractive favorise également les synergies entre la recherche et l’industrie, par exemple en développant l’utilisation des galeries de mines pour les expériences scientifiques ou les fabrications nécessitant une grande stabilité hygrothermique et une protection naturelle contre certains rayonnements.

Les défis sont considérables et il appartient aux acheteurs, en particulier ceux des grands donneurs d’ordre, d’agir en tenant compte de la complexité du dossier des matières premières. Sécuriser les approvisionnements, empêcher la constitution de monopoles mondiaux, assumer la responsabilité sociétale des organisations, favoriser les technologies du futur sont aussi les objectifs d’une gestion performante des achats.

[18 août 2020]

Relocaliser : simple mode ou vraie tendance ?

Les déçus des délocalisations ne sont pas rares, ainsi la société de tradition Schunk, spécialiste des porte-outils, des mors de serrage et des robots de préhension avait dès 2009 mis fin à son activité de production à Hangzhou afin de préserver un standard de qualité digne du «made in Germany» pour ses accessoires de machines-outils de très haute précision.

Le tour des produits de grande consommation semble venu. La chaussure de course Futurecraft MFG, «MFG» signifiant «made for Germany», est produite par Adidas en coopération avec la société Oechsle à Ansbach-Brodswinden, en Bavière, à 50 km au Sud-Ouest de Nuremberg, en bordure de l’autoroute A6 qui relie la France (Brême d’Or) à la République Tchèque.

La Speedfactory imaginée pour cette production utilise les dernières technologies de la plasturgie et de l’impression 3D pour produire sur 4.700m2 des chaussures uniques, adaptées à la morphologie et aux souhaits de chaque client.

Associée à la production de micro-séries, les avantages de la relocalisation («reshoring») sont prodigieux. Le consommateur a accès à des produits sur mesure, au design desquels il a activement participé, par exemple en créant des coloris ou téléchargé des photos. Les stocks de produits finis ne sont plus nécessaires, le délai entre le design du produit et la livraison se compte en heures. C’est aussi la fin des invendus, des rabais et des soldes : les robots et les imprimantes 3 D se mettent au travail après la confirmation de la commande. De plus, l’adaptation de la gamme aux dernières tendances est possible à tout moment.

Une usine du même type est prévue aux Etats-Unis pour servir les clients nord-américains. Elle doit ouvrir en 2017 à Cherokee County au Nord d’Atlanta.

Ces micro-usines, qualifiées il y a peu d’usines du futur, fonctionnent grâce à la force d’innovation des industriels de la machine-outil, à la main d’œuvre très qualifiée qui y travaille et à la pression du marché qui attend que des biens de consommation "customisés" soient livrés le lendemain de la commande. Dans le cas de la Speedfactory, Adidas annonce un délai de 5 heures entre la confirmation de commande et la sortie d’usine.

Speedfactory est un des 15 projets développés dans le cadre de l’initiative «Autonomique pour l’industrie 4.0» du Ministère fédéral de l’économie qui soutient les rapprochements entre nouvelles technologies de l’information et nouveaux modes de production.

[©Nexidée® 28 novembre 2016]