By Marc on lundi 23 mars 2020
Category: Blog Nexidée

Crise sanitaire ou premier domino?

La vente ambulante, un acteur efficace du confinement!
 
Il ne s’agit pas de traiter ici les différents aspects de la crise sanitaire causée par le virus SARS-CoV-2 et surtout pas les questions médicales ou l’impact psycho-social de l’épidémie et des mesures médico-administratives choisies pour y mettre fin. Il s’agit juste d’examiner quelques implications pour les acheteurs.
 
En premier lieu, parce que cela suscite un réveil fantastique de toutes les idéologies et la désignation immédiate de boucs émissaires. Au choix, il peut s’agir de la mondialisation, du secteur privé, des autorités publiques, du libre-échange ou de l’Union européenne ; le point commun étant qu’il s’agit de l’Autre, Être fourbe et sournois. Ce alors même que, si une organisation manque d’une fourniture ou si sa chaîne d’approvisionnement s’effondre, c’est avant tout parce que la question de la robustesse des fournisseurs n’a pas été correctement traitée. La fragilité d’une chaîne d’approvisionnement n’est pas proportionnelle à sa longueur ! Les politiques d’achat mono-source, l’absence de stock et la trop rare implication des fournisseurs dans des relations collaboratives méritent impérativement d’être réexaminées mais l’autarcie n’est pas une option plausible.
 
En second lieu, parce que si la priorité concerne bien entendu l’intégrité physique et psychologique des personnes, il est également important de mesurer les dégâts économiques et d’imaginer l’après-crise.
 
Pour ce qui concerne l’Allemagne, les conséquences immédiates ne sont pas surprenantes. De nombreux secteurs souffrent, dont bien entendu le tourisme et la restauration, la culture, le sport, le commerce de détail non alimentaire. Les salons ont tous été annulés ou reportés et les parcs des expositions et les prestataires tels que les standistes sont dans des situations précaires. De même, le transport en commun de voyageurs souffre. Lufthansa n’utilise plus que 63 de ses 763 avions et le voisin autrichien Austrian a suspendu ses opérations le 18 mars.
 
A côté de cela, le numérique progresse à un rythme incroyable (télétravail, classe virtuelle, télémédecine, loisirs) mais des secteurs traditionnels connaissent également une seconde jeunesse comme les épiceries itinérantes ou la livraison de surgelés. La crise a aussi suscité des coopérations inattendues. Ainsi McDonald’s et Aldi ont passé un accord pour transférer temporairement des salariés de restaurants fermés vers des supermarchés submergés.
 
Il faut signaler également le fonctionnement sans discontinuité des services aux collectivités (eau, déchets, etc.), du secteur de l’énergie, du transport de fret et de courrier, du commerce alimentaire, des media et bien entendu de la santé. La solidité de la base de la pyramide est à juste titre soulignée par tous et la différence entre indispensable et superflu est devenue une évidence.
 
Et demain ? Si les clients (professionnels et particuliers) ne soutiennent pas activement certains fournisseurs, ces derniers disparaitront. Les travailleurs indépendants, les restaurateurs, les théâtres et cinémas, les PME sont les plus exposés. A Cologne, la chaîne de restauration Vapiano (230 établissements) a déjà annoncé la cessation de paiement.  On peut également s’attendre à des fusions et acquisitions au détriment d’entreprises fragilisées.
 
Demain on devrait aussi assister à la multiplication de politiques commerciales agressives pour reconquérir des parts de marché ce qui ne manquera pas d’achever les concurrents déjà chancelants. Les pays qui prendront en premier des mesures temporaires radicales d’allègement de la fiscalité et des charges des entreprises garantiront un avantage décisif à leurs opérateurs économiques.
 
Après-demain, on peut s’attendre à des conséquences au niveau des États et des zones économiques. Il sera en effet rationnel de prendre les grandes décisions d’investissement et de choisir ses fournisseurs en tenant compte de la capacité des États à avoir su réagir vite et bien à la crise sanitaire de 2019 - 2020.